Edito - Septembre 2020

Edito

Après les prélèvements obligatoires, les placements obligatoires ?

Force est de constater que nous vivons une période de télescopage des horizons de placements pour les épargnants individuels.

Nous avons d’un côté des pouvoirs publics qui ont une conception très macro avec en ligne de mire l’intérêt supérieur de la Nation et même de plus en plus l’intérêt supérieur de la Planète. C’est tout à fait méritoire, mais le manque de moyens du secteur, brouille les cartes pour l’épargnant individuel.

En effet, le plan de relance «  France Relance », a le mérite de la cohérence et de la continuité car il reprend tous les archétypes martelés depuis des années sur ce qui est considéré comme étant le « bon financement de l’économie ». C’est-à-dire un financement de long terme parfois qualifié de « patient » essentiellement en fonds propres et majoritairement ciblé sur le vaste univers des PME / ETI. L’analyse est faite depuis longtemps et tout est fait par tous les moyens pour canaliser l’épargne des ménages vers ce type de placements. Le raisonnement sous-jacent, et parfois exprimé comme tel, est que les épargnants ne savent pas vraiment ce qui est bon pour eux et qu’ils ont besoin d’être guidés et éclairés sur leurs véritables intérêts, qui rejoignent ô miracle l’intérêt supérieur de la Nation. Ne pas souscrire à de tels produits dont le maître mot est devenu « label » serait comme refuser de souscrire à des bons de la défense nationale en pleine guerre. L’incompréhension d’une partie du personnel politique et de haute administration envers les comportements d’épargne est patente.

Le même raisonnement s’applique à la lutte contre le changement climatique à coup de règlements, de plus en plus européens, qui vont déferler sur les épargnants dans les prochaines années. Les sociétés de gestion et les réseaux de distribution sont en première ligne et priés de se mettre au pas. C’est l’intérêt supérieur de la planète.

« Qu’en est-il de l’épargnant individuel dans ce contexte et pourquoi s’obstine-t-il à ne pas comprendre ce qui est bon pour lui ? »

Yannick Tatibouët

Nous sommes ici dans l’univers de l’ultra-micro, de l’ultra concret, des préoccupations du quotidien et des projets de vie. C’est donc tout naturellement que l’objectif numéro1 des épargnants est de protéger la valeur de son épargne bien avant toute maximisation du rendement à travers la prise de risque. C’est ce que nous enseigne la préférence pour les comptes courants bancaires, l’assurance-vie (en euros), les livrets d’épargne réglementée,…. N’en déplaise aux autorités, la durée de détention de certains de ces placements montre bel et bien qu’il s’agit de placements de précaution de long terme, même si leur caractère très liquide fausse la vision de celui qui ne sait pas voir. Ce serait d’ailleurs faire un bien mauvais procès aux épargnants que de leur reprocher leur préférence pour ces produits, puisque par exemple l’assurance-vie finance majoritairement l’Etat et ses déficits croissants, et les livrets d’épargne réglementée sont totalement à la main du giron public pour la destination de l’épargne. C’est ainsi que grâce à l’intermédiation du secteur financier, il y a une action de transformation de l’épargne, d’un court terme apparent, qui n’est que le reflet de la préférence pour la liquidité, vers le long terme. C’est le seul moyen de réconcilier des horizons de placements qui sinon seraient irréconciliables.

Si l’on se réfère à la mission première de l’Autorité des marchés financiers (AMF), garante de la protection des investisseurs, c’est bien de s’assurer de l’intérêt exclusif du client particulier. L’intérêt supérieur de tout autre entité quelle qu’elle soit ne fait pas partie de ses missions à ce jour. Le seul moyen que l’on peut trouver pour « aligner les horizons » est d’éclairer la prise de décision d’investissement à travers de la pédagogie et de la bonne information. Là aussi, malgré toutes les bonnes intentions, c’est la sur-information, dont le coût en données et en reporting ne cesse de croître et sera in fine à la charge de l’épargnant,  qui arrive tout naturellement comme la réponse privilégiée.

Yannick Tatibouët

Directeur exécutif

Le 23 septembre 2020

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