Environnement économique - Avril 2022

Environnement économique

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Retrouvez notre rétrospective de l'environnement économique du mois d'avril 2022 des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie

Nos perspectives économiques et financières

Si l’économie mondiale a bel et bien enregistré un rebond, en particulier dans les pays développés, celui-ci n’a pas permis, loin de là, d’atteindre la richesse qui aurait été créée sans la pandémie. De plus, ce rebond est insuffisamment lié à des investissements productifs. Les goulets d’étranglement qui en découlent ont mené à l’amplification des tensions inflationnistes. La guerre en Ukraine va probablement favoriser l’accélération et la diffusion de l’inflation et maintenir une croissance sous contrainte de capacités à produire. Après la pandémie, cet épisode rappelle de nouveau l’épineuse question de la dépendance des pays européens à certains éléments stratégiques (énergie, métaux). La nécessité de la relocalisation des filières critiques et la volonté affichée de certains gouvernements de relancer les budgets militaires ont des conséquences : une inflation durable et une hausse supplémentaire de l’endettement qui devra être financée.

L’activité économique marque le pas

L’activité économique mondiale ralentit au 1er trimestre face aux nombreux vents contraires. Le mois d’avril a été marqué par une nouvelle escalade des tensions géopolitiques entre la Russie et l’Union européenne. Le groupe russe Gazprom a en effet suspendu la livraison de gaz vers la Pologne et la Bulgarie, ces pays n’ayant pas effectué le paiement en roubles contrairement aux exigences de Vladimir Poutine. Ces récents développements continuent d’alimenter l’inflation énergétique en Europe, qui commence à se diffuser à l’ensemble de l’économie. La Banque centrale européenne a maintenu le statu quo mais pourrait mettre fin à ses achats d’actifs au cours du 3ème trimestre. Aux États-Unis, la dynamique des salaires fait craindre un emballement d’une boucle inflationniste « prix-salaires » et conforte la Réserve Fédérale dans une approche plus agressive. En Chine, la Banque centrale a annoncé une nouvelle baisse de taux tandis que le gouvernement a imposé des restrictions sanitaires strictes dans certaines villes face à la reprise de l’épidémie. La Banque du Japon est également à contre-courant de la Réserve Fédérale et de la BCE puisqu’elle a maintenu un biais accommodant malgré une légère accélération de l’inflation. Sur le marché des changes, l’euro s’est déprécié de 5,05% et termine le mois à 1,054 dollars pour un euro. Le prix du baril de Brent a augmenté de 1,33% sur le mois, pour atteindre 109,34$.

amériqueAux États-Unis, l’activité économique s’est contractée au 1er trimestre, malgré la bonne dynamique de la demande interne. Le PIB américain a reculé de 0,4% en glissement trimestriel sous l’effet de la vigueur des importations, en hausse de 4,2%, tandis que les exportations ont reculé de 1,5%. La forte hausse des importations témoigne de la bonne tenue de la demande domestique américaine, à l’image des dépenses de consommation qui conservent une tendance haussière (+0,7% en glissement trimestriel) en dépit de la montée des prix. La consommation au 1er trimestre est avant tout tirée par les services, soutenus par la levée progressive des restrictions sanitaires pour des secteurs tels que le tourisme ou les loisirs. En parallèle, les prix des dépenses personnelles de consommation, indicateur suivi par la Réserve Fédérale, ont maintenu une forte dynamique en mars et affichent une croissance annuelle de 6,6%. Des signaux de détente se manifestent toutefois sur l’indice sous-jacent (hors énergie et alimentation), qui ralentit à 5,2% après 5,3% en février. Enfin du côté du marché du travail, les pressions salariales se sont encore renforcées au 1er trimestre. Ces éléments confirment le risque d’emballement de la boucle « prix-salaires » et devraient conforter la Réserve Fédérale dans son approche plus agressive du resserrement monétaire.

RUAu Royaume-Uni, les tensions sur les prix se maintiennent. L’inflation a surpris à la hausse en mars et atteint un nouveau point haut à 7,0% en glissement annuel, alimentée par la hausse continue des prix de l’énergie et dans une moindre mesure celle des produits alimentaires. On observe également une diffusion des tensions inflationnistes à l’ensemble de l’économie, avec une inflation sous-jacente qui atteint ainsi 5,7% en mars. Du côté du marché du travail, la croissance annuelle des salaires reste relativement stable mais à des niveaux élevés, à 4,0% en termes nominaux en février. Néanmoins, les salaires exprimés en termes réels sont en contraction, avec un repli de 1% relativement à l’année précédente. Dans ce contexte, l’indice PMI pour le mois d’avril décrit un ralentissement de la demande et de l’activité, les tensions inflationnistes commençant à peser sur la consommation des ménages.

En Zone euro, les données publiées sur le mois font état d’un ralentissement de l’activité au 1er trimestre, sur fond d’accélération de l’inflation qui pénalise le pouvoir d’achat des ménages. L’Espagne et l’Allemagne enregistrent une hausse modeste du PIB sur le trimestre (+0,3% et +0,2% respectivement, par rapport au trimestre précédent), notamment grâce au dynamisme des investissements. Dans le même temps, l’activité stagne en France, pénalisée par la baisse de la consommation des ménages, et se contracte de 0,2% en Italie, notamment en raison d’une faiblesse de l’activité dans le secteur des services. Du côté des prix, l’inflation reste très élevée en Zone euro et atteint 7,5% en avril. Les prix de l’énergie décélèrent en lien avec des mesures budgétaires, mais continuent tout de même d’alimenter l’inflation. Dans le même temps, on note une diffusion des tensions inflationnistes, avec une inflation-sous-jacente qui s’établit à 3,5%, après 2,9% en mars. Dans ce contexte, la Banque centrale européenne a maintenu sa politique monétaire inchangée mais a indiqué qu’elle pourrait mettre fin à ses achats d’actifs au cours du 3ème trimestre. Enfin, le mois d’avril a été marqué par une escalade des tensions avec la Russie. En réponse à de nouvelles sanctions annoncées par l'Union européenne, Moscou exige désormais que les exportations de gaz russes soient payées en roubles, sous peine de coupure de l’approvisionnement en gaz. Les risques liés à la dépendance énergétique européenne s’intensifient.

ChineEn Chine, le gouvernement doit faire face à une forte perturbation de l’activité liée à sa politique « zéro-covid ». L’économie chinoise a fait preuve d’une certaine résistance au 1er trimestre, la croissance du PIB ayant atteint 4,8% en glissement annuel. Néanmoins, les restrictions sanitaires imposées depuis la fin du mois de mars à Shanghai et plusieurs grandes villes ont perturbé l’activité économique en avril. Les indices PMI sont ainsi en fort recul sur le mois, avec un déclin particulièrement marqué du PMI non-manufacturier. Malgré les perturbations sanitaires et géopolitiques, les dirigeants du Parti communiste chinois maintiennent la cible de croissance du PIB à 5,5% en 2022. Dans ce contexte, la Banque centrale chinoise a renforcé ce mois son soutien à l’activité avec de nouvelles baisses de taux. Au Japon, la Banque centrale demeure très accommodante. L’activité économique au Japon se maintient en avril, l’indice PMI composite enregistrant une légère progression sur le mois (+0,6 point) malgré un environnement extérieur détérioré. Du côté des prix, l’inflation accélère quelque peu en mars, tirée par les prix de l’énergie, et atteint 1,2% en glissement annuel, un rythme en deçà de la cible de 2%. Bien qu’élevée, l’inflation énergétique est quelque peu contenue par des mesures gouvernementales, comprenant notamment des subventions sur les prix de l’essence. Dans ce contexte, la Banque du Japon a maintenu sa politique monétaire accommodante malgré la récente dépréciation du yen.  

Sources des données: Refinitiv, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Eurostat, BCE, Markit, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China.

Rédigé par

Eloïse GIRARD-DESBOIS 
Analyste économique

Le 3 mai 2022