Environnement économique Février 2020
Retrouvez notre restrospective de l'environnement économique de février 2020 des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie
EN BREF
La diffusion, progressive, du virus Covid-19 au reste du monde a rythmé le mois de février. L’inquiétude grandit alors que la durée et la sévérité de cette épidémie restent à déterminer. Le virus touche des économies déjà vulnérables : la Chine, caractérisée par un endettement élevé et un système financier opaque, mais aussi le Japon et l’Italie, qui affichent des croissances structurellement faibles et des finances publiques dégradées. Au-delà du Coronavirus, l’incertitude politique demeure : aux Etats-Unis, avec la percée de Bernie Sanders aux primaires démocrates, mais aussi dans l’Union-Européenne, où les coalitions italiennes et allemandes sont fragiles et où les négociations du Brexit restent un sujet de tension important. Côté changes, l’euro a reculé de 0,7% contre le dollar et termine le mois à 1,0977 dollar pour un euro. Le prix du baril de Brent recule de 13% à 50 dollars.
Aux Etats-Unis, le mois a été marqué par le lancement des primaires démocrates. A ce stade seuls quatre Etats ont procédé aux votes. Ces derniers ne représentent que 145 délégués sur un total de 3979 (1991 délégués sont nécessaires pour être investi). Bernie Sanders est pour le moment en tête avec 56 délégués. L’ancien Vice-Président Joe Biden arrive en 2ème position avec 48 délégués. Au niveau économique, les indicateurs publiés sur la période ont été particulièrement contrastés. En dépit des perturbations liées à l’arrêt de la production du 737 max chez Boeing et au Coronavirus, les indicateurs de confiance manufacturiers régionaux ont enregistré des hausses importantes en février. En revanche, l’indice de climat des affaires PMI fait état d’une modération de la croissance de l’activité dans le secteur manufacturier au niveau national. Du côté des services, l’indice PMI s’établit pour la première fois en 4 ans sous le seuil de 50 séparant croissance et contraction de l’activité. Une détérioration qui serait en partie liée à l’épidémie de coronavirus, mais également à une plus grande prudence des entreprises à l’approche des élections. La consommation des ménages, bien qu’en modération, demeure dynamique. La confiance des consommateurs se maintient sur des niveaux élevés, aidée par un marché du travail dynamique et des conditions de financement encore accommodantes.
En Zone euro, la diffusion du coronavirus sur le sol européen est venue compromettre des perspectives de croissance déjà très faibles. Bien que les indicateurs de confiance publiés pour le mois de février n’aient pas fléchi, des signes de perturbations liées au Covid-19 sont apparus. Dans l’industrie, largement en contraction en décembre 2019, la forte augmentation des délais de livraison laisse craindre d’importantes perturbations. La légère amélioration des perspectives, encore visible en février, pourrait donc être remise en cause. Du côté des ménages, la confiance des consommateurs se maintient, en lien avec un marché du travail résistant. Au niveau politique, les dirigeants des pays de l’Union Européenne ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur le montant du cadre financier pluriannuel 2021-2027. En Italie, les tensions entre le parti de Mateo Renzi (Italia Viva) et le mouvement 5 étoiles sont venues rappeler la fragilité de la coalition de gouvernement. En Allemagne, Annegret Kramp Karrenbauer a annoncé qu’elle ne serait pas candidate à la succession d’Angela Merkel et qu’elle quitterait la présidence de la CDU. Au Royaume-Uni, le ton se durcit concernant les négociations du Brexit alors que B. Johnson menace de se retirer des négociations dès juin.
En Chine, les développements autour du Covid-19 ont, là aussi, occupé le devant de la scène. Face à la propagation du virus et à ses effets sur l’activité, les autorités chinoises ont mis en place des mesures d’assouplissements monétaires. La PBoC a ainsi injecté 21,4 Mds$ de liquidité aux banques. Elle a également procédé à des baisses de taux. Au Japon, l’économie s’est contractée au quatrième trimestre, en lien avec le contrecoup de la hausse de TVA mais aussi le Typhon Hagibi. La diffusion du virus dans l’archipel laisse craindre une prolongation du ralentissement au premier trimestre 2020.
Rédigé par
Pierre Bossuet
Analyste économique
Le 3 mars 2020