Environnement économique - Septembre 2023

Environnement économique

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Retrouvez notre rétrospective de l'environnement économique du mois de septembre 2023 des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie.

Nos perspectives économiques et financières

Sortir d’un régime monétaire extraordinaire n’est pas sans douleur. L’inflation, qui a atteint des niveaux élevés, a conduit à un retournement violent de la politique monétaire. Ce retournement a de forts impacts sur les acteurs publics et privés. Alors que des faillites bancaires se sont produites aux Etats-Unis, les banques centrales se trouvent face à un dilemme : combattre une inflation durable, conformément à leur premier objectif, au risque de faire naître une instabilité financière. Par ailleurs, revenir en arrière sur les politiques exceptionnelles d’achat d’actifs va se trouver en contradiction avec les besoins de financement grandissants des Etats. Les banques centrales semblent vouloir rester fermes dans leur volonté de remonter leurs taux directeurs et de traiter les sujets d’instabilité financière par le biais d’instruments dédiés, mais potentiellement insuffisants pour restaurer durablement une confiance défaillante.

Les banques centrales tâtonnent

Dans l’incertitude, les banques centrales restent dépendantes de l’évolution des données économiques pour leurs orientations de politique monétaire. Alors que la résilience de l’économie américaine a amené à un ton plus restrictif de la Réserve fédérale, le maintien de faiblesse dans les données d’activité européennes joue en faveur d’une interruption du cycle de hausse de taux de la Banque centrale européenne. En Chine, des signes de stabilisation de l’activité sont de plus en plus visibles, après les difficultés des six derniers mois, mais le secteur immobilier reste mal orienté en dépit du soutien des autorités. Sur le marché des changes, l’euro s’est déprécié de 2,5% sur le mois, à 1,0594 contre le dollar. Le prix du baril de Brent a progressé de 9,73% par rapport au mois précédent, à 95,31$.

 

ameriqueAux États-Unis, la Réserve fédérale (Fed) envoie un message restrictif. Les membres du FOMC ont maintenu le statu quo en septembre mais leurs prévisions individuelles indiquent (i) qu’une hausse de taux supplémentaire de 25 points de base d’ici la fin d’année est toujours envisagée et (ii) que la résilience de l’activité économique pourrait impliquer un moindre assouplissement en 2024. Le Président de la Fed, Jerome Powell, a toutefois tenté de minimiser l’importance de ces prévisions individuelles et répété que le comité avancerait prudemment, en fonction de l’évolution des données. Le rebond de l’inflation, à 3,7% en août, reflète essentiellement la hausse des prix des carburants. La tendance reste à l’apaisement progressif des tensions, mais la vigueur des pressions dans les services (hors énergie, alimentation et loyer), devrait conduire la Réserve fédérale à ne pas baisser la garde. Sur le marché du travail, la modération des créations de postes se poursuit, témoignant d’un rééquilibrage progressif entre offre et demande. En outre, la dynamique de l’industrie manufacturière, d’ores et déjà faible depuis quelques mois, pourrait être affectée par la grève débutée le 15 septembre par l’UAW, principal syndicat du secteur automobile. Sur le plan politique, le Congrès a voté in extremis le 30 septembre, à la veille de la nouvelle année fiscale, un budget provisoire permettant de prolonger de 45 jours le financement des dépenses de l’Etat fédéral. Cet accord bipartisan permet d’éviter de justesse la fermeture partielle des activités de l’Etat fédéral, mais ne règle rien sur le fond entre un Sénat à majorité démocrate et une Chambre des Représentants républicaine.

 

UK

 

Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre a laissé son taux directeur inchangé en septembre, après 14 hausses de taux consécutives. Même si la croissance des salaires reste vigoureuse, de premiers signes de ralentissement du marché du travail émergent tandis que l’inflation dans les services a reculé plus qu’attendu en août. La décision de maintenir le taux directeur inchangé n’a toutefois pas été unanime et une nouvelle hausse n’est pas exclue dans les mois à venir. Sur le plan budgétaire, les difficultés financières de la ville de Birmingham ont mis en exergue la fragilité des autorités locales britanniques.

 

 

EuropeEn Zone euro, la BCE pourrait interrompre son cycle de hausse. Après avoir annoncé une nouvelle augmentation de 25 points de base en septembre, le Conseil des gouverneurs considère que « les taux d’intérêt directeurs ont atteint des niveaux qui, maintenus pendant une durée suffisamment longue, contribueront fortement au retour au plus tôt de l’inflation au niveau de l’objectif ». La Présidente Lagarde n’a toutefois pas souhaité affirmer que le pic des taux a été atteint. Outre le recul de l’inflation (4,3% en septembre) et l’amorce de baisse de l’inflation sous-jacente (4,5%), la dégradation marquée de la conjoncture (particulièrement visible en Allemagne) et le maintien de risques baissiers sur les perspectives pourraient jouer en faveur d’une pause du resserrement monétaire. Sur le plan commercial, Ursula von der Leyen a annoncé que la Commission européenne allait lancer une enquête sur les subventions chinoises aux constructeurs de véhicules électriques qui pourrait aboutir à l’imposition de droits de douanes compensatoires.

 

 

Asie

En Chine, des signes de stabilisation de l’activité sont de plus en plus visibles dans les données, après les difficultés des six derniers mois. Cette meilleure orientation peut notamment refléter le renforcement du soutien économique des autorités au cours de l’été qui s’est notamment manifesté par des mesures d’assouplissement monétaire et des soutiens à l’achat de véhicules électriques. Des aides financières ont également été destinées aux promoteurs en difficulté et pour renforcer la demande de logement mais ces soutiens ne semblent pas avoir permis, pour l’heure, d’interrompre la dégradation du secteur immobilier.

Au Japon, la politique monétaire reste largement expansionniste, à contre-courant de la dynamique internationale. Les membres du Comité de politique monétaire de la BoJ ont maintenu le statu quo en septembre mais le résumé de leurs opinions rapporte un ton plus restrictif en lien avec des risques haussiers sur l’inflation et les salaires. Alors que des difficultés économiques se maintiennent, notamment dans l’industrie, le Premier ministre a annoncé les grandes lignes d'un plan de relance budgétaire.

 

Sources des données: Refinitiv, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Eurostat, BCE, S&P Global, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China.

Louis MARTIN
Économiste

le 2 octobre 2023