"Le regard de la gérante" : Quel regard porter sur les lunettes connectées ?
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Meta et EssilorLuxottica ont présenté mi-septembre une nouvelle gamme de lunettes connectées, marquant une étape supplémentaire dans le développement de ce nouveau marché avec 2 millions d’unités vendues depuis le lancement en septembre 2023 jusqu’à fin 2024 selon EssilorLuxottica (sur environ 240 millions de paires de lunettes vendues en 2024).
Contrairement au casque de réalité virtuelle proposé par Meta depuis déjà plusieurs années, ces nouveaux produits associent la technologie à des lunettes du quotidien, sans compromis sur le style, afin d’en faciliter l’usage régulier. Des verres correcteurs ou photochromiques sont également proposés grâce au partenariat entre les deux groupes.
Trois modèles sont désormais proposés, dont la Ray-Ban Meta Display, équipée d’un écran couleur haute résolution activable à la demande et associée à un bracelet traduisant les signaux musculaires en commandes. Ces dispositifs intègrent également caméras, micros, haut-parleurs et fonctions d’intelligence artificielle permettant la traduction simultanée, la navigation guidée, les appels vidéo ou encore des réponses instantanées à des recherches. Ces nouvelles fonctionnalités, qui rendent l’intelligence artificielle accessible dans des usages quotidiens, pourraient séduire les nouveaux utilisateurs. Le prix de lancement, fixé à 800 dollars aux États-Unis, illustre l’ambition de ce produit, mais soulève la question de l’accessibilité. Le partenariat associe deux expertises complémentaires. Meta apporte ses compétences en matériel, réalité augmentée et plateformes logicielles, tandis qu’EssilorLuxottica mobilise sa capacité de fabrication, la force de ses marques mondiales et un réseau de distribution unique de 18 000 magasins à travers le monde.
Les ambitions commerciales sont élevées avec un objectif de 10 millions d’unités vendues en 2025 selon EssilorLuxottica. Toutefois, il reste difficile d’anticiper si ce produit pourra atteindre la diffusion de masse du smartphone, suivre une adoption progressive comparable à celle des montres connectées, ou encore échouer à convaincre, comme ce fut le cas des Google Glass il y a dix ans. Ce dernier scénario paraît cependant moins probable au vu des avancées technologiques et du succès initial des Ray-Ban Meta.
Pour encourager une adoption plus large, la gamme s’enrichit de modèles différenciés, à la fois plus accessibles financièrement et adaptés à des usages spécifiques comme l’Oakley Meta Vanguard pour les sportifs ou une nouvelle génération de Ray-Ban Meta dotée d’une meilleure autonomie et d’une caméra améliorée.
La concurrence des géants technologiques est attendue dès 2026. Leur arrivée devrait stimuler l’adoption du produit, mais viendra inévitablement peser sur les parts de marché d’EssilorLuxottica et Meta. Si elles parviennent à surmonter les défis techniques, économiques et sociétaux évoqués, les lunettes connectées pourraient devenir un vecteur majeur de diffusion de l’intelligence artificielle dans la vie quotidienne – une thématique que nous suivons de près dans nos Perspectives Economiques et Financières.
Rédigé par

Ambre SAADA
Gérante Mandats Actions Europe