"Le regard de la gérante" : Tensions accrues sur le marché du cuivre
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La hausse récente des prix du cuivre s’inscrit dans un contexte d’instabilité, lié à des difficultés opérationnelles sur des sites de production clés comme QB2 au
Chili et Grasberg en Indonésie.
Ces deux projets étaient appelés à porter la croissance future de l’offre mondiale. QB2, expansion majeure de Quebrada Blanca, a accumulé les surcoûts, les retards et les contraintes techniques liées à la gestion des résidus et à des problématiques d’infrastructures. La mine n’a pas atteint son rythme attendu et a contraint Teck Resources à revoir ses objectifs de production. De son côté, Grasberg a été frappé par un accident majeur
début septembre, une coulée de boue ayant envahi ses galeries souterraines. Freeport a dû déclarer un cas de force majeure et réduire fortement ses projections, sachant que le retour aux niveaux antérieurs ne se fera pas avant 2027. Depuis le début de l’année, la liste des problèmes s’allonge et pèse lourdement sur l’offre globale.
Chaque interruption, même temporaire, a un impact important sur un marché qui fonctionne déjà en flux tendu. À cela s’ajoute une dégradation structurelle de la qualité des minerais : les teneurs baissent, obligeant les sociétés minières à traiter davantage de roche pour obtenir le même volume de cuivre, ce qui augmente les coûts et allonge les délais.
Face à cette accumulation de fragilités, l’équilibre offre-demande du cuivre se dégrade rapidement. Là où certains organismes spécialisés prévoyaient encore un léger surplus pour 2025, les révisions récentes pointent désormais vers un déficit dès cette année, conséquence directe des interruptions à Grasberg et QB2.
Pour 2026, le déficit apparaît désormais quasi inévitable. Dans le même temps, la demande ne faiblit pas. Elle croît au rythme de la transition énergétique (portée par la pénétration des énergies renouvelables), mais surtout par le développement des réseaux électriques sur fond de hausse de la demande d’électricité. L’ensemble de ces éléments laisse à penser que le marché du cuivre entre dans une phase de déficit structurel avec des prix durablement élevés. Dans le cadre de nos Perspectives Économiques et Financières, nous avons identifié le cuivre comme un métal stratégique, au cœur des enjeux de souveraineté énergétique.
Rédigé par

Sophie PONS DUBLANC
Adjointe au Responsable d'équipe Gestion Actions Monde