Suivi des marchés de la semaine

Perspectives Économiques et Financières

Découvrez et téléchargez l'intégralité de notre suivi des marchés de la semaine du 25 mai

Solidarités

L’arrêt de la Cour Constitutionnelle allemande trouve un écho inattendu avec l’annonce franco-allemande d’une proposition d’un plan de relance européen de 500Mds€. En effet, la solidarité européenne pourrait ne plus s’exercer uniquement par l’action de la Banque Centrale européenne. Cette dernière avait d’ailleurs déjà appelé les gouvernements de l’Union à se montrer à la hauteur des enjeux de l’effondrement économique en cours. Il s’agira donc de convaincre les 27 Etats membres de l’Union européenne, y compris ceux extérieurs à la zone euro, de cette extension du budget européen. La Commission européenne serait autorisée à emprunter au nom de l‘Union européenne afin de financer un fonds de relance des secteurs économiques et des régions les plus touchées par les répercussions de la pandémie. Les subventions seraient allouées sans considération des contributions respectives des Etats membres mais sous certaines conditions d’engagements des Etats récipiendaires. Ce plan dont la dette pourrait être achetée par la BCE, sans les contraintes des autres programmes PSPP et PEPP, s’inscrirait dans le cadre du budget pluriannuel 2021-2027 et aurait donc un caractère temporaire.  L’Union émettra. Et c’est l’Union qui remboursera sur ses ressources.

Le projet franco-allemand peut paraître séduisant. Il donne l’impression d’un retour du couple franco-allemand, régulièrement présenté comme l’indispensable locomotive de l’approfondissement de la construction européenne. Il donne l’impression d’une prise de conscience européenne de la nécessité de relancer les solidarités entre Etats qui ont cruellement fait défaut une fois de plus lors de la montée en puissance de l’épidémie de coronavirus sur le sol européen. Il fait croire au mythe de la mutualisation des dettes à laquelle l’Allemagne, première puissance de l’Union européenne, se serait ralliée. D’aucuns y voient même une réponse allemande aux injonctions de la Cour constitutionnelle allemande prénommée Cour de Karlsruhe. Ce plan, en réalité, vise à dépenser d’avance une partie des recettes budgétaires attribuée à l’Union européenne dans le cadre du budget alloué entre 2021-2027. Il suppose que les recettes fiscales générées par le surcroît de croissance attendu par les effets multiplicateurs que ce plan permettrait seront suffisantes pour couvrir le coût de l’opération. Il suppose aussi que la croissance générée sera supérieure à celle qui est attendue aujourd’hui basée sur des hypothèses n’intégrant pas un plan de relance européenne. Or, rien n’est moins sûr pour au moins deux raisons :

1. Le « champ d’application » : secteurs touchés par l’épidémie ;

2. Les conditions assorties à l’obtention des subventions distribuées par le fonds qui serait alimenté par les émissions de dettes de l’Union européenne.

Ces conditions rappellent les politiques d’austérité imposées aux pays ne remplissant pas suffisamment les critères de Maastricht…dont on a pu mesurer l’efficacité ou mieux encore l’inefficacité avec en prime une fragilisation des pays visés, incapables de fait de résister à ce nouveau coup du sort que représente le Covid-19. Cette affaire, portée par le couple franco-allemand, révèle au moins une chose, l’inquiétude de l’Allemagne, pays qui depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale a toujours fait le choix de se laisser tirer par la demande étrangère. Grande gagnante dans la compétition internationale, l’Allemagne peut craindre une perte de débouchés à l’Est comme à l’Ouest, aux Etats-Unis comme en Chine, en raison de la crise économique et du refus croissant des Etats pour une organisation multilatérale des échanges. Il n’est pas de l’intérêt de l’Allemagne de voir s’effondrer les économies de ses partenaires européens dans un tel contexte.

Focus de la semaine

"Annonce franco-allemande d’une proposition d’un plan de relance européen de 500 Md €."

PEF 2605

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