Edito - Juin 2024

Edito

Équilibre des forces

Dans un monde où le mutlirégionalisme prend de l’ampleur, où le libre échange est mis à mal par les quêtes de souveraineté des États et les distorsions de concurrence qui les accompagnent, l’équilibre des forces entre les États et les entreprises se redessinent. Cet environnement transforme profondément le cadre de prises de décisions des acteurs privés.

ASML, première capitalisation de la zone euro, leader mondial des équipements pour l’industrie des semi-conducteurs, est, depuis plusieurs trimestres, au cœur de l’affrontement entre la Chine et les États-Unis. Ces derniers ont fait pression sur le pouvoir exécutif néerlandais et l’entreprise pour limiter les ventes de machines à la Chine en raison du caractère stratégique de ses produits. ASML a dû s’exécuter sous la pression de son propre gouvernement. 

« C’est un exemple parmi d’autres qui illustre le retour du « Politique » et la remise en cause du libéralisme ; tendance que nous décrivons depuis près d’une décennie dans nos Perspectives Économiques et Financières. »

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Toutefois, il serait faux de considérer que les entreprises ont perdu toutes capacités à profiter de cet environnement où les États se livrent une concurrence acharnée pour relocaliser des industries stratégiques. Fin mars, ASML a ainsi démontré sa capacité à faire plier à son tour le gouvernement néerlandais. L’entreprise a menacé de se délocaliser car elle ne trouvait plus les conditions suffisantes qui lui permettraient de poursuivre son développement en Hollande. Elle a mis en avant la faible qualité des infrastructures ainsi que son besoin d’attirer une main d’œuvre qualifiée étrangère aux Pays-Bas, que certaines mesures du gouvernement, nouvellement élu, risquaient de contrecarrer. Le gouvernement a été contraint d’annoncer quelques semaines plus tard un plan d’investissement de 2,5 milliards d’euros pour répondre aux exigences de l’entreprise. Plus récemment, TOTALENERGIES, emboitant le pas de SHELL, a émis la possibilité d’être cotée aux États-Unis.  M. POUYANNÉ, Président de la société, a justifié cette réflexion par la nécessité de trouver des conditions de financement et de valorisation aussi favorables que ses concurrents américains afin de maintenir sa compétitivité. En Europe, le cadre réglementaire de financement des compagnies énergétiques s’est complexifié, alors que les États-Unis sont devenus, dans le même temps, le premier producteur mondial d’hydrocarbures. Ces annonces ont fait grand bruit. Perdre la cotation de grandes entreprises aurait des implications importantes sur l’écosystème financier des pays concernés … à l’heure où, par ailleurs, la question du financement est devenue un objectif politique majeur en Europe.

« La compétition entre la Chine et les États-Unis modifie les termes des échanges mondiaux. »

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L’Europe et ses entreprises se doivent de réagir et de s’adapter, ce qui peut amener à des confrontations entre acteurs publics et privés. Dans les prochains mois, les sujets de discorde ne devraient pas faiblir car, pour les États européens, il conviendra de financer leurs politiques industrielles. Ils pourraient alors se tourner du côté des sociétés privées et privilégier celles dont la capacité à se délocaliser est plus limitée. Ces questions de distorsions de concurrence et leurs impacts sur les stratégies des entreprises et sur notre allocation d’actifs, nous les aborderons en détail dans nos Perspectives Économiques et Financières à venir.

Rédigé par

Jacques-André NADAL
Directeur Adjoint des Gestions

Le 18 juin 2024

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