Environnement économique - juillet 2023

Environnement économique

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Retrouvez notre rétrospective de l'environnement économique du mois de juillet 2023 des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie.

Nos perspectives économiques et financières

Sortir d’un régime monétaire extraordinaire n’est pas sans douleur. Mais l’inflation, qui a atteint des niveaux élevés, a conduit à un retournement violent de la politique monétaire. Ce retournement n’est pas sans conséquence pour les acteurs publics et privés. Alors que des faillites bancaires se sont produites aux Etats-Unis, les banques centrales se trouvent face à un dilemme : combattre une inflation durable, conformément à leur premier objectif, au risque de faire naître une instabilité financière. Par ailleurs, revenir en arrière sur les politiques exceptionnelles d’achat d’actifs va se trouver en contradiction avec les besoins de financement grandissants des Etats. Les banques centrales semblent vouloir rester fermes dans leur volonté de monter leurs taux directeurs et de traiter les sujets d’instabilité financière par le biais d’instruments dédiés, mais potentiellement insuffisants pour restaurer durablement une confiance défaillante.

Les banques centrales naviguent à vue

Les banques centrales adoptent un ton plus prudent et affirment leur approche « réunion par réunion » des deux côtés de l’Atlantique. Concernant la dynamique d’activité, les données de PIB du deuxième trimestre illustrent la résistance de l’économie américaine, tandis que la croissance en zone euro est pénalisée par la faiblesse de l’économie allemande. En Chine, l’essoufflement de l’activité a conduit les autorités à annoncer un nouveau plan de soutien. Sur le marché des changes, l’euro s’est apprécié de 1,4% sur le mois, à 1,1023 contre le dollar. Le prix du baril de Brent a progressé de 14,2% par rapport au mois précédent, à 85,56$.

 

AmériqueAux États-Unis, la croissance affiche sa résistance au deuxième trimestre. Le PIB a en effet progressé de 0,6% en glissement trimestriel, après 0,5% au trimestre précédent, grâce à la vigueur des dépenses d’investissement des entreprises. Néanmoins, les résultats d’enquête du mois de juillet et les statistiques du secteur industriel continuent de signaler une modération de l’activité. Les pressions inflationnistes se sont atténuées en juin mais la Réserve Fédérale reste engagée dans sa lutte contre l’inflation et a relevé sa fourchette cible du taux directeur de 25 points de base, la portant à [5,25% ; 5,5%]. Concernant les futures décisions de politique monétaire, J. Powell a insisté sur la dépendance aux données, qui détermineront la décision de septembre. La possibilité de nouvelles hausses ne peut donc pas être écartée, notamment au regard des derniers chiffres d’emploi. Le marché du travail reste en effet toujours tendu, malgré un ralentissement des embauches en juin avec 209 000 créations de postes.

 

Europe

Au Royaume-Uni, l’inflation ralentit quelque peu mais demeure bien au-dessus de la cible de la Banque d’Angleterre. L’indice des prix à la consommation est en hausse de 7,9% en juin, après 8,7% en mai, et a bénéficié du recul des prix des carburants. La baisse de l’indice sous-jacent est tout de même plus limitée, à 6,9% en juin après 7,1%. Dans le même temps, la croissance des salaires ne faiblit pas (+7,3% en glissement annuel entre mars et mai), malgré la légère hausse du taux de chômage et du taux de participation.

En zone euro, la Banque centrale européenne ouvre la voie à une possible pause en septembre. Alors que la BCE a relevé ses taux directeurs de 25 points de base lors de sa réunion de juillet, C. Lagarde a indiqué qu’une pause en septembre pourrait être envisagée en fonction des futures publications économiques. Des signes de transmission du resserrement monétaire émergent, à l’image de la baisse de l’inflation, qui atteint 5,3% en juillet, ou du ralentissement de la dynamique de crédit. Par ailleurs, la croissance du PIB s’est redressée au deuxième trimestre (+0,3% en glissement trimestriel après 0,0%) mais masque une dynamique contrastée entre les différents pays. Alors que la France et l’Espagne affichent une croissance trimestrielle bien orientée (+0,5% et +0,4% respectivement), l’économie allemande demeure atone, le PIB étant resté stable au deuxième trimestre après deux trimestres consécutifs de déclin. Les différentes données d’enquêtes publiées sur le mois font par ailleurs état d’une détérioration de la conjoncture au mois de juillet, en raison de la faiblesse du secteur manufacturier.

 

Asie Océanie

En Chine, les autorités envisagent un plan de soutien face à l’essoufflement de l’activité. Après la reprise vigoureuse en début d’année, l’économie chinoise s’inscrit en nette modération au deuxième trimestre, avec une croissance du PIB de 0,8% en glissement trimestriel (après 2,2% au premier trimestre). Dans ce contexte, le Politburo (organe décisionnel le plus important du Parti communiste chinois), s’est engagé à renforcer le soutien à l’économie, notamment à l’immobilier, à la consommation des ménages et aux autorités locales surendettées. Le détail de ces mesures pourrait être dévoilé d’ici la fin de l’été. Au Japon, la Banque du Japon réduit la voilure de son assouplissement monétaire. La banque centrale a en effet annoncé flexibiliser le contrôle de sa courbe des taux, en permettant au taux souverain à 10 ans de fluctuer légèrement au-dessus de la fourchette (comprise entre [-0,5% ; 0,5%]) et proposera dorénavant des achats quotidiens illimités d’obligations souveraines à 10 ans à 1% plutôt qu’à la borne haute de 0,5%. Par ailleurs, après un solide redressement au premier semestre, l’économie nippone montre désormais des signes de stabilisation selon les indicateurs d’enquête. 

 

Sources des données: Refinitiv, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Eurostat, BCE, S&P Global, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China.

Eloïse Girard-Desbois
Analyste économique

le 2 août 2023