Environnement économique - mai 2023

Environnement économique

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Retrouvez notre rétrospective de l'environnement économique du mois de mai 2023 des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie.

Nos perspectives économiques et financières

La modération temporaire des prix de l’énergie n’empêchera pas un équilibre plus inflationniste sur le long terme. La pandémie puis la guerre en Ukraine ont conduit les Etats à une recherche de souveraineté intrinsèquement inflationniste, tandis que les effets désinflationnistes de la mondialisation, s’amenuisent. Par ailleurs, le durcissement des relations internationales entre les grandes puissances semble confirmer l’atteinte de la limite du multilatéralisme économique et diplomatique tel qu’il existe. Ces changements en cours se superposent à un impératif de décarbonation de l’économie qui, à demande constante, est également vecteur de pression haussière sur les prix. Dans ce contexte, les banques centrales se retrouvent face à un dilemme entre la lutte sans compromis contre l’inflation ou la préservation de la stabilité financière, mise en péril par la remontée rapide des taux. 

Les banques centrales cherchent le bon équilibre

Les banques centrales continuent de naviguer entre le maintien de tensions inflationnistes conséquentes et la montée des risques sur l’activité économique et la stabilité financière. Dans ce contexte, l’incertitude reste forte quant aux futures évolutions des politiques monétaires. Aux Etats-Unis, le mois a été marqué par un nouvel épisode de montée des inquiétudes de défaut souverain liées au plafond de la dette. Si un accord bipartisan a finalement été trouvé, il doit encore être voté par le Congrès avant le 5 juin. En Chine, la perte d’élan de l’activité illustre le maintien d’importantes fragilités. Sur le marché des changes, l’euro s’est déprécié de 2,7% sur le mois, à 1,0683 contre le dollar. Le prix du baril de Brent a reculé de 8,7% par rapport au mois précédent, à 72,66$.

 

AmériqueAux Etats-Unis, les négociations sur le plafond de la dette ont abouti à un accord de principe. Ce dernier, qui devra être voté par le Congrès avant le 5 juin pour éviter un défaut, prévoit une suspension du plafond de la dette fédérale américaine jusqu’en janvier 2025 en contrepartie d’une stabilité des dépenses hors défense en 2024 et d’une hausse limitée à 1% en 2025. Le texte prévoit également d’étendre l’obligation de travailler pour bénéficier de l’assistance alimentaire, d’amputer les fonds supplémentaires récemment alloués à l’IRS (fisc américain) pour lutter contre la fraude fiscale, de récupérer les fonds Covid inutilisés et de faire reprendre en août les paiements de la dette fédérale étudiante, qui avaient été suspendus au début de la pandémie. Sur le plan monétaire, la Réserve fédérale a augmenté de 25 points de base la fourchette cible de son taux directeur, la plaçant à [5 ; 5,25%]. Les indications sur l'orientation future de la politique monétaire suggèrent une pause du cycle de resserrement dans un contexte économique et financier très incertain. Toutefois, la possibilité de nouvelles hausses de taux n’est pas écartée alors que certains banquiers centraux continuent de mettre l’accent sur la résistance de la croissance, un marché du travail tendu (253 000 créations de postes en avril) et une inflation plus élevée qu’attendu (5,9% en glissement annuel en avril). La consommation des ménages reste en effet dynamique et la production industrielle a progressé de 0,5% en glissement mensuel en avril après deux mois de stagnation. Si le secteur de l’immobilier reste fortement dégradé, comme l’illustre le déclin de 22,5% des ventes de logements anciens sur un an, des signes de redressement sont visibles au niveau des ventes de logements neufs.

 

 

Europe

Au Royaume-Uni, l’inflation reste au cœur des préoccupations. Certes, l’inflation est au plus bas depuis un an, à 8,7% en rythme annuel en avril après 10,1% en mars. Néanmoins, cette baisse résulte essentiellement d’un effet de base sur les prix de l’énergie et masque l’augmentation de l’inflation sous-jacente à 6,8%, un point haut en plus de 30 ans, dans un contexte de progression rapide des salaires. Malgré des signes de modération de l’activité, la dynamique des prix devrait amener la Banque d’Angleterre à poursuivre ses hausses de taux. Les dernières déclarations du gouverneur A. Bailey ont toutefois surtout mis l’accent sur les délais de la transmission du resserrement monétaire à l’économie.

En zone euro, le cycle de hausses de taux n’est pas encore terminé. Si la BCE a réduit le rythme de son resserrement monétaire, avec une hausse de seulement 25 points de base de ses taux directeurs en mai, les banquiers centraux ont indiqué que d’autres hausses seront nécessaires lors des prochaines réunions face à une inflation toujours vive, à 7,0% en avril en glissement annuel, et un marché du travail historiquement tendu. Le Conseil des gouverneurs a également décidé de cesser tout réinvestissement du fruit des tombées de titres de son portefeuille APP (Asset Purchase Programmes) à partir du mois de juillet, ce qui débouchera sur une accélération du rythme de diminution de la taille de ce portefeuille obligataire. Le ralentissement, de plus en plus tangible, de l’activité économique pourrait toutefois complexifier la tâche de la BCE. L’entrée en récession de l’Allemagne illustre notamment ces difficultés. Sur le plan politique, le Président Erdogan a été réélu à la tête de la Turquie pour un mandat de cinq ans, avec 52,1% des voix.

 

Asie Océanie

En Chine, la perte d’élan de l’activité en avril illustre le maintien d’importantes fragilités. Le redressement de l’économie reste principalement tiré par la normalisation de la consommation des ménages, et ce en particulier dans les services, et le soutien des autorités à l’investissement. Dans un contexte de faible demande internationale, l’industrie reste loin de sa tendance pré-crise pandémique et le secteur immobilier se maintient en sous-régime malgré des signes de normalisation au premier trimestre. Au Japon, l’activité est bien orientée début 2023. Si le PIB n'a toujours pas retrouvé son niveau de 2019, il a affiché une progression solide au premier trimestre 2023 et les premiers indicateurs pour le deuxième trimestre présagent d’une poursuite de cette dynamique. Malgré des signes de tensions domestiques sur les prix, la Banque du Japon considère toujours que l’inflation devrait rapidement repasser sous la cible des 2% et ne compte donc pas, pour l’heure, mettre un terme à sa politique monétaire ultra-accommodante.

 

Sources des données: Refinitiv, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Eurostat, BCE, S&P Global, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China.

Louis MARTIN
Analyste économique

le 31 mai 2023