Environnement économique - Octobre 2023

Environnement économique

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Retrouvez notre rétrospective de l'environnement économique du mois de octobre 2023 des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie.

Nos perspectives économiques et financières

Sortir d’un régime monétaire extraordinaire n’est pas sans douleur. L’inflation, qui a atteint des niveaux élevés, a conduit à un retournement violent de la politique monétaire. Ce retournement a de forts impacts sur les acteurs publics et privés. Alors que des faillites bancaires se sont produites aux Etats-Unis, les banques centrales se trouvent face à un dilemme : combattre une inflation durable, conformément à leur premier objectif, au risque de faire naître une instabilité financière. Par ailleurs, revenir en arrière sur les politiques exceptionnelles d’achat d’actifs va se trouver en contradiction avec les besoins de financement grandissants des Etats. Les banques centrales semblent vouloir rester fermes dans leur volonté de remonter leurs taux directeurs et de traiter les sujets d’instabilité financière par le biais d’instruments dédiés, mais potentiellement insuffisants pour restaurer durablement une confiance défaillante.

Un monde de plus en plus conflictuel

Alors que le conflit russo-ukrainien avait mis en lumière la polarisation du monde, le conflit au Proche-Orient semble confirmer cette bascule. Du côté de l’activité économique, les données publiées sur le mois confirment la divergence croissante entre une économie américaine résiliente et une économie européenne qui apparaît fragilisée. Les banques centrales des deux côtés de l’Atlantique continuent de faire preuve de prudence quant à l’évolution de l’inflation. En Asie, la Banque du Japon s’éloigne -progressivement- de sa politique monétaire ultra accommodante. En Chine, les autorités ont renforcé le soutien budgétaire à l’activité, alors que l’économie chinoise peine à se redresser. Sur le marché des changes, l’euro s’est apprécié de 0,2% sur le mois, à 1,0619 contre le dollar. Le prix du baril de Brent a diminué de 8,29% par rapport au mois précédent, à 87,41$.

ameriqueAux Etats-Unis, la croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) du troisième trimestre confirme la résistance de l’économie. Le PIB américain est en effet en hausse de 1,2% en glissement trimestriel, grâce à la vigueur des dépenses des ménages. Ce soutien à la croissance pourrait néanmoins se réduire, à mesure que l’épargne excédentaire des ménages s’amenuise. Dans le même temps, l’inflation peine à refluer et les risques de spirale prix-salaire perdurent. L’inflation s’est en effet stabilisée à 3,7% en glissement annuel en septembre et la hausse des prix sur le mois a été assez soutenue (+0,3%), tirée par une accélération des prix des services (+0,6%). Du côté du marché du travail, le rapport d’emploi du mois de septembre témoigne de créations de postes toujours vigoureuses (+336 000 sur le mois). Dans l’automobile, le syndicat ouvrier UAW (United Auto Workers) a conclu un accord avec les principaux constructeurs automobiles américains, qui prévoit une augmentation de salaire de 25% sur quatre ans pour les travailleurs des chaînes de production. Dans ce contexte, les responsables de la Réserve Fédérale ont insisté sur leur volonté d’agir avec prudence, en amont de leur prochaine réunion en novembre. Sur le plan politique, les Républicains ont élu Mike Johnson à la Présidence de la Chambre des représentants, après 22 jours de blocage consécutif à la destitution de Kevin McCarthy.

 

EuropeAu Royaume-Uni, l’activité économique s’enlise tandis que la croissance des prix ne faiblit pas. Alors que le dynamisme dans les services a porté la croissance du PIB britannique au premier semestre, les dernières enquêtes PMI indiquent que l’activité est entrée en zone de contraction, assombrissant ainsi les perspectives de croissance pour la fin d’année. Du côté des prix, l’inflation peine à reculer et s’est stabilisée à 6,7% en septembre, tandis que la croissance des salaires hors bonus demeure dynamique à 7,8% sur un an.

En zone euro, la stagnation de l’activité économique se poursuit. Le PIB de la zone euro a en effet reculé de 0,1% au troisième trimestre et ne dépasse que de 0,1% son niveau du troisième trimestre 2022. Les perspectives sont à la baisse pour le quatrième trimestre, à l’image des indicateurs d’enquête PMI qui ont atteint leur plus bas niveau depuis la crise du covid-19 en octobre. Ce nouveau recul reflète une dégradation de la conjoncture tant dans le secteur manufacturier que dans les services. Du côté des prix, l’inflation poursuit sa baisse et atteint 2,9% en octobre, grâce à des effets de base favorables de la composante énergie. Néanmoins, l’évolution de l’inflation sous-jacente, tant en rythme annuel (+4,2%), que mensuel (+0,7%), en octobre indique que les tensions inflationnistes demeurent présentes. Dans ce contexte, la Banque centrale européenne (BCE) a, sans surprise, laissé ses taux directeurs inchangés lors de sa réunion. La BCE a cependant rappelé que la vigilance restait de mise quant à l’évolution future de l’inflation, et que le caractère restrictif de la politique monétaire devait être maintenu pendant une période prolongée. Sur le plan politique, la situation au Proche-Orient met en lumière les divergences au sein de l’Union européenne. Les pays européens n’ont en effet pas fait front commun lors d’un vote aux Nations Unies concernant la situation de la bande de Gaza. Alors que la majorité des pays européens se sont abstenus, quatre pays ont voté contre (à l’instar des Etats-Unis) tandis que huit pays ont voté en faveur de cette résolution.

 

AsieEn Chine, le gouvernement a annoncé un plan de soutien à l’économie. Les autorités ont en effet approuvé une augmentation du budget de 137Mds$ (0,8% du PIB), qui devraient être transférés en grande partie aux autorités locales afin de financer des dépenses d’infrastructures. En parallèle, les données économiques publiées sur le mois apparaissent mitigées. Alors que la croissance du PIB du troisième trimestre va dans le sens d’une meilleure orientation de l’activité, après des mois de détérioration, l’enquête PMI du mois d’octobre a chuté de manière inattendue, ce qui pourrait freiner la dynamique de reprise.

Au Japon, la Banque du Japon a de nouveau assoupli sa politique de contrôle de la courbe des taux. La banque centrale a en effet annoncé qu’elle autorisera les taux souverains à 10 ans de fluctuer au-dessus du seuil de 1%, qui est désormais considéré comme une « référence » et non plus comme une limite stricte. Dans le même temps, les données d’activité, tout comme les résultats de l’enquête PMI, indiquent une perte de vitesse de l’économie nippone.

 

Sources des données: Refinitiv, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Eurostat, BCE, S&P Global, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China.

Rédigé par

Eloïse GIRARD-DESBOIS
Economiste

Le 2 novembre 2023