"OnDécrypte l'Hebdo" - Des négociations sous haute tension !

Perspectives Économiques et Financières

Temps de lecture : 13 min

Découvrez l'intégralité de notre suivi des marchés de la semaine - 14 avril 2025

Alors que la fermeté de l’administration américaine sur l’implémentation des droits de douane semblait devoir s’imposer, le président des États-Unis a finalement ouvert la voie à une fenêtre de négociations de 90 jours (sans remettre en cause les droits minimaux à 10% sur un grand nombre de pays). Il semble désormais évident que ces négociations iront bien au-delà d’un simple paramétrage concernant le niveau des droits de douane devant être appliqué à chacun des partenaires. L’administration américaine ne cesse de faire référence au mauvais traitement qui lui a été réservé au cours des 40 dernières années de mondialisation, considérant que ses partenaires commerciaux ont abusé de techniques commerciales « injustes » : droits de douane, taxes, sous-évaluation de leur devise… Les négociations qui s’ouvrent vont donc entraîner des conséquences majeures, tant directement qu’indirectement. Au-delà de la mise en place des droits de douane, nous avons déjà évoqué la nécessité pour les pays de s’engager à réaliser d’importants investissements sur le sol américain. Des achats de matériels militaires, de produits agricoles ou encore de gaz devront également être réalisés. Ces éléments seront au cœur des négociation mais un point méritera également la plus grande attention : quelles actions seront mises en place pour corriger ce que l’administration américaine considère être une sous-évaluation chronique des monnaies contre le dollar (raison principale évoquée par l’administration américaine pour expliquer la désindustrialisation) ?


De son côté, la Chine ne semble pas vouloir engager de négociations, et poursuit une stratégie d’opposition et de fermeté vis-à-vis des États-Unis : réplication sur les droits de douane, nouvelles taxes sur certains semiconducteurs non produits en Chine, contrôle plus strict des exportations de terres rares, etc. Une stratégie qui ne manquera pas de pénaliser les chaînes d’approvisionnement mondiales.


Dans ce contexte, la volatilité reste très importante et certains marchés directeurs incitent à rester vigilants sur les conséquences profondes de la redéfinition des relations commerciales mondiales, telles que nous l’envisageons dans nos Perspectives Économiques et Financières depuis plusieurs années. La forte baisse du dollar, la hausse des taux longs américains et anglais, les tensions persistantes sur le marché monétaire américain sont autant de signaux.


Face à cette redéfinition des échanges commerciaux à grande vitesse, les conséquences pour les entreprises se multiplient, chacune tentant de se réorganiser à court, moyen et long terme. A court terme, les multinationales multiplient les commandes et les livraisons d’urgence pour minimiser l’impact des droits de douane. Elles ont désormais 90 jours de plus pour accélérer ce phénomène qui ne manquera pas de rendre illisible les statistiques macroéconomiques et les résultats des entreprises dans les prochains mois. A moyen terme, certaines tentent déjà, soit de demander plus d’efforts à leur partenaires locaux pour compenser l’impact des droits de douane (baisse des prix), soit de s’extraire de certains contrats, faute de pouvoir repasser la hausse des coûts (cas de la chaîne aéronautique). A long terme, la réorganisation des chaînes passera par des productions plus locales, avec des conséquences en termes de marges pour les entreprises et d’inflation pour les clients. La Réserve fédérale (Fed) sera donc plus réactive, que proactive en cas de survenance d’un risque financier, comme nous avons déjà pu le constater cette semaine, alors que la chute des bourses, la hausse des rendements américains et les tensions sur le monétaire auraient pu légitimement provoquer, a minima des communications, au mieux de premières interventions.


Dans cet environnement, nous faisons preuve d’agilité et de réactivité pour saisir les opportunités que les mouvements brutaux peuvent offrir, tant sur les marchés de taux que d’actions.

Rédigé par

Vincent HADERER
Responsable du pôle Gestion Actions Internationales

Sommaire

Analyse de l’évolution des marchés :
  • Obligataire par Lucas COUVERT
  • Actions Europe par Chicuong DANG
  • Actions Internationales par Valentine DRUAIS
  • Le regard de l'analyste par Alain OURVOY
Analyse Suivi Macroéconomique :
  • États-Unis par Sébastien BERTHELOT
  • Europe par Jean-Louis MOURIER
  • Asie par Louis MARTIN

 

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