"OnDécrypte l'Hebdo" - Vers une Banque mondiale moins américaine ?
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Découvrez l'intégralité de notre suivi des marchés de la semaine - 17 février 2025
Les deux agences de notation Moody’s et Fitch ont communiqué la semaine dernière sur le risque pour les Banques de Développement Multilatérales, et en premier lieu la Banque Mondiale, de voir leurs notes abaissées si le soutien américain se réduisait. Ces annonces font suite au décret de Donald Trump du 4 février concernant la révision du soutien des États-Unis à toutes les organisations internationales, avec potentiellement la sortie de certaines ou l’arrêt de leurs financements. Les États-Unis sont actuellement le premier actionnaire de ces banques de développement.
D’autres États, dont la Chine, ont à plusieurs reprises fait savoir qu’ils souhaitaient augmenter leur participation dans ces organisations. Toutefois, un retrait, même partiel des Etats-Unis, augmenterait probablement les coûts de financement pour ces banques multilatérales, et en répercussion ceux des pays qu’elles financent. Pour le moment, les craintes ne se sont pas matérialisées, la Banque Mondiale (Banque Internationale pour la Reconstruction et le développement, IBRD) a émis une obligation de maturité 2032 pour 6Mds$ début janvier avec 15pbs de prime par rapport à l’obligation américaine de référence. Et cette prime est stable depuis.
D’après le dernier rapport de la Banque Mondiale, les prêts effectués par ces organisations multilatérales représentent 28% des financements des pays à revenus faibles et intermédiaires (c’est-à-dire les pays ayant un revenu national brut inférieur à 14 000$ par an et par habitant). Dans les autres sources de financement, on trouve les financements privés pour 59%, notamment via les emprunts obligataires, et les prêts bilatéraux pour 13%. Ces derniers ont tendance à diminuer. Dans un contexte économique plus difficile, les États favorisent leurs investissements nationaux. Ainsi, les prêts aux Etats africains de la part de la Chine sont passés de plus de 10Mds$ par an à moins de 2Mds$ depuis la pandémie en 2020 (d’après une étude de l’Université de Boston).
Même s’il est aujourd’hui difficile de savoir si les États-Unis retireront tout ou partie de leurs participations dans ces banques de développement qui les aident, par ailleurs, à financer leurs partenaires commerciaux, ces évolutions illustrent à nouveau la montée du régionalisme et la recherche de souveraineté que nous décrivons depuis plusieurs trimestres dans nos Perspectives Économiques et Financières.
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Marie-Edmée de Monts de Savasse
Responsable d'équipe Gestion OPC Taux
Sommaire
Analyse de l’évolution des marchés :
- Obligataire par Charles LEPIC
- Actions Europe par Margot LIEVRE CORMIER
- Actions Internationales par Paul CUTAJAR
- Le regard de l'Analyste par Andréa LEMAIRE-SUAU
Analyse Suivi Macroéconomique :
- États-Unis par Sébastien BERTHELOT
- Europe par Eloïse GIRARD-DESBOIS et Jean-Louis MOURIER
- Focus sur Les relations entre les États-Unis et l’Europe se refroidissent, sur fond de tensions concernant le dossier ukrainien.
- Asie par Louis MARTIN
Découvrez notre suivi des marchés
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